Paysages
Grèce. Se souvenir. Champs d’oliviers, mer puis montagnes. Les couleurs changent au rythme du soleil et quand il y a du vent, les oliviers se mettent à danser, flottement aérien. Les feuilles et les branches se meuvent, c’est fluide et doux. L’image est ronde. On croirait un tableau de Van Gogh*. J’aime à penser, depuis, qu’il peignait le mistral.
​
​
​
​
* Vincent Van Gogh est un peintre impressionniste néerlandais (1853-1890)
​
En ville. Voir un avion traverser le brouillard pour s’élever un peu plus haut dans le ciel. S’attarder sur les détails silencieux : un ascenseur qui monte le long d’un immeuble, au milieu des chantiers. Tout semble bruyant autour et en même temps, tout semble arrêté. Sauf cet ascenseur. Détail silencieux qui vient mettre en mouvement ce paysage immobile. Comme cette bâche de chantier que le vent fait battre. Détails silencieux que j’ai parfois la sensation d’être seule à voir dit une voix chuchotée.
Voir le paysage défiler à travers la fenêtre du train et, dans ce paysage, le reflet de la fenêtre opposée : morceaux de ciel bleu fondus au milieu d’une forêt aux couleurs d’automne. Effet Magritte*.
​
​
​
​
​
* René Magritte est un peintre surréaliste belge (1898-1967)
Paris. Immergée dans un lieu, un mouvement et en même temps, ne pas en faire partie, avoir du mal à s’y mouvoir. A d’autres moments, s’y oublier totalement. Puis, je me rends compte que je suis bien là, et c’est comme si j’avais oublié de vivre le temps de quelques secondes, minutes. Sensation effrayante. Qu’est-ce que vivre ? Vivre en conscience ? Ressentir ? Avoir des émotions ? Il y a des moments où l’on n’est plus qu’un corps déconnecté de toute sensibilité. Une matière. Inerte.