Marécage - texte à 4 voix
ensevelie sous le poids de leurs yeux
qui me passent
aux filtres
de ce qu’ils ne veulent pas voir
voudraient trop voir
avoir
étendue bulbutiante
de terre et d’eau
il a posé sur elle
le filtre
de ce qu'elle n'est pas
quelque chose en dessous
respire
se laver du regard qui a salit son être
remue la boue
la terre se meut et se relève
pleine de ses yeux
ça dégouline
il ne voit que
ce qu’elle n’est pas
une forme boueuse se révèle
je sens mon corps
sa peau pâlit sous un regard voilé
par des images passées
imprégné de ces yeux
enfermée dans ses yeux
et je ne sais plus me voir
forme humaine déformée monstrueuse
à trop la regarder il ne la voit plus
mais en douceur
exister
et dans des gestes ronds
malgré
la forme lève des bras au ciel
les filtres
et tourne sur elle-même
qu’il a
et dans ce mouvement
posé
la forme devient chant
sur elle
et aux côtés du soleil
la pluie vient se mêler
sur la forme boueuse
l’eau se met à tomber
entraînant avec elle
la terre marécageuse
et sous un arc-en-ciel
apparaissent ruisselants
un visage, une peau
le corps nu d’une femme
cesse donc de me regarder
et contente toi de me voir
Robin Levet - Oeil #56