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L'Arrache-Cœur

L’Arrache-Coeur

m’attache à la mer

m’arrache à mes peurs

bordé d’horizon

mon regard se perd

à perdre raison

tout en se couchant

le soleil se fond

aux nuages blancs

et dans ce mélange

irrupte un volcan

j’entends les louanges

trompeuses

de sirènes

rieuses

l’appel des profondeurs

ne pas y songer

même si rêveuse

je pourrais plonger

car le bleu sans fin

le bleu sans fond

le bleu rend fou

garder son sang froid

et toujours

une main pour soi

être là

dans le calme de mon propre silence

j’entends 

au creux de mon ventre 

le vent 

caresser ma peau

être là

dans la courbe des voiles

je sens 

jusque sous mes os 

la coque 

qui embrasse l’eau

c’est rond et doux et puissant

lamerestsoyeusecommelamour

être là

et si le vent tourne

tourner avec lui

trouver l’allure

qui va au vent

la juste allure

défie le temps

qui 

n’est

plus

nous sommes ailleurs en tout point

mais nous sommes là en tout coeur

de tout corps à mi-chemin 

entre la mer - que j’épouse

et l’azur - que je touche

à perte de vue

tout deux confondus 

tableau bichromatique d’une eau céleste

d’où certains anges décochent leurs flèches 

et sans fin

sans fin

sans fin

plonge plonge plonge ton regard

tu y retrouveras ce qui jadis fut perdu

l’horizon avale le passé 

pour offrir un futur 

dans lequel se jeter

mais là, au centre de la mer,

nous sommes tout au présent

plus ancrés que sur terre

la nuit est tombée

ce que je savais n’est plus

dans l’obscurité

les lignes ont bougé je mue

mille paupières ouvrent mon corps à la mer

masse sombre 

nous sommes ombres

parmi l’ombre

je suis aux aguets

symbiose nocturne

des airs des êtres des eaux des astres

il n’y a rien de magique

et pourtant

ça l’est

 

le paysage se devine

notre avancée le dessine

L’Arrache-Coeur entre dans un tableau de mon enfance

la mer et ses moutons d’écume au premier plan

au second des rochers acérés façonnés par l’eau salée

dans leur gorge une crique le bateau s’y love troisième plan

nous entrons dans le temps géologique

et sous la lune ronde et pleine

s’endormir se laisser bercer

sensation océanique

paisible comme rien

la coque craquette et grince 

silencieusement

L’Arrache-Coeur bat, vit

il est tout le présent

je vis avec lui

respire

tout le présent sans retour

il est bon de l’étreindre sans détour

et moi je divague vague vague

à l’ami que j’aime j’aime j’aime

ensemble l’on vogue vogue vogue

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