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Éternelle jeunesse ? - texte écrit suite à la lecture du livre Dévotion de Patti Smith

Derrière mes 3+5

Les yeux non aguerris

Souvent

M’en donnent 10 de moins

 

« Tu as la peau fraîche »

M’a dit un jour cet homme

Dans un rire retenu

Traducteur de sa gêne

Osant furtivement

Toucher

Ou plutôt non, tâter

Ma hanche droite

De sa main gauche

Main gauche et malhabile

Émoustillé l’homme

Devant cette supposée jeunesse

Qui sans rien demander

Le ramène, lui,

À sa propre vieillesse

Il se raccroche à cette peau

Il se raccroche à cette hanche

Peut-être

Pour ne jamais lâcher

Sa morte adolescence

Ainsi je l’ai laissé

Poser cette main furtive

Pendant que dans ses yeux

La vie se ravivait

Ô, j’aurais pu lui dire

« Laisse donc mon corps tranquille

Tu le vois jeune et frais

Mais c’est un corps trompeur

Si tu t’en approchais

Le scrutais en détails

Tu pourrais voir alors

Les traits du temps qui passe

Dessinant sur ma peau

La carte de ma vie »

​

Devant mes 3+5

Les yeux que j’aime

Parfois

Rêvent aux 10 de moins

 

Et je voudrais leur dire

« Il n’est pas bien aisé

De se voir vieillir

Dans cette silhouette

Aux allures enfantines

Laissons le donc filer

L’éternel mot jeune

Celui qui accompagne

Hommes et femmes d’après »

 

Depuis leurs 3+5

Mes yeux verts d’enfant

Toujours

Voudraient voir vivre la femme

Celle qu’ils sont devenus

 

Cette même femme un jour dit

« En me reconnectant

À moi petite fille

Mon énergie d’enfant

J’ai comme la sensation

De redevenir femme

Que dis-je

De redevenir moi ! »

 

Me détacher du moi jeune

Pour ne garder que la femme

Me détacher du moi femme

Pour ne garder que moi !

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